2 février 2022
Et maintenant ? Le secteur culturel a un long chemin à parcourir avant un retour à la normale
Même si la situation épidémiologique semble évoluer favorablement et que la plupart des mesures pourraient être supprimées dans les prochaines semaines, le secteur culturel suisse, tout comme le secteur culturel international, a encore un long chemin à parcourir avant de revenir à la normale. Il faut donc unir nos forces pour une relance de la culture !
La Taskforce Culture saluerait également des assouplissements, voire une levée prochaine des restrictions qui affectent massivement le secteur culturel depuis bientôt deux ans. Malgré ces évolutions positives, le secteur culturel ne pourra cependant pas revenir à la normale immédiatement.
Un signal nécessaire pour la culture
Depuis le début de la pandémie, les autorités ont appelé à d'innombrables reprises la population à rester chez elle et à limiter autant que possible les contacts sociaux. Les manifestations en intérieur ont été déclarées "à risque élevé", lorsqu’elles n'étaient pas tout simplement interdites. Il n'est donc pas surprenant que ce message ait entraîné un changement de comportement du public. A tous les niveaux, les autorités doivent maintenant signaler clairement que la retenue préconisée par le passé ne sera bientôt plus de mise. Le moment semble donc venu d'envoyer un nouveau message tout aussi clair : quittez votre canapé, allez au spectacle !
Les activités culturelles dans les associations culturelles amateurs et la formation aux métiers culturels ont également été et sont encore touchées par de fortes restrictions. En raison de la pandémie, des lacunes apparaissent déjà, par exemple dans la promotion de la relève. Là aussi, il faut un message clair indiquant que ces activités sont précieuses et importantes et qu'elles ont un effet foncièrement positif sur le bien-être personnel, mais aussi sur la vie en société.
Complexité du secteur culturel, dont l'équilibre n'est pas près d'être rétabli
Contrairement à d'autres branches fortement touchées par la pandémie, il n'est guère possible dans la culture de redémarrer l'activité du jour au lendemain. D'une part, l'interconnexion internationale est énorme, par exemple en ce qui concerne la planification des tournées. Cela implique une dépendance vis-à-vis de l'étranger et de ses mesures. L'engorgement de la production reste également un grand défi : le risque que tout se fasse en même temps et qu'il y ait une saturation est réel. Il sera impossible de rattraper tout ce qui a été reporté jusqu'à présent, et cela impliquera des pertes pour les créatrices et créateurs culturels, qui sont déjà actuellement confrontés à l’absence de mandats et de commandes.
D'un autre côté, certains secteurs professionnels souffrent déjà d'une pénurie de personnel qualifié : des artistes, mais aussi des techniciennes et techniciens ainsi que d’autres professions impliquées ont souvent été contraints de se réorienter professionnellement et manqueront à l’appel lorsque la vie culturelle reprendra son cours.
Soutien jusqu'au bout– suivre de bons exemples
En Suisse, la Confédération et les cantons n'ont pas abandonné les créatrices et créateurs et les entreprises culturelles pendant la pandémie. Les différentes mesures ont contribué de manière décisive à ce qu'il n'y ait pas eu jusqu'à présent d'hécatombe culturelle. Mais il serait fatal de croire qu'avec la disparition des restrictions, plus personne n'aurait besoin de mesures de soutien et d'indemnisation.
Beaucoup de risques liés à la pandémie ne peuvent plus être couverts par des assurances privées, bien que les mesures actuelles continuent de générer des surcoûts lorsque la maladie et/ou la mise en quarantaine d'un membre de l'équipe artistique ou technique mène au report de la production ou à l'annulation de la représentation. Alors que l'aide d'urgence pour les créatrices et créateurs culturels et les contributions aux projets de transformation continuent d'être versées, d'autres aides (p. ex. les indemnités d'annulation ou l'allocation de gain Corona) sont liées à l'existence de restrictions imposées par l'Etat. En raison des conditions spécifiques auxquels ils sont soumis, les projets de transformation, qui se poursuivent jusqu'à la fin du mois de novembre, ne seront guère en mesure de produire une "revitalisation" générale de la culture. De l'avis de la Taskforce Culture, un "programme de relance de la culture" beaucoup plus large et accessible, à l’instar de ce que le Conseil fédéral a décidé pour le secteur du tourisme, doit être mis en place pour la culture. L'attractivité de la place économique suisse est notamment due à la richesse et à la qualité de l'offre culturelle. Les pays voisins, tels que l'Allemagne avec son programme "Neustart Kultur", montrent qu'il est urgent d'agir et que la volonté politique y est. Donnons-nous ensemble les moyens de relancer la culture suisse et de permettre au public de retrouver nos artistes et acteur·es culturel·les.
Contact :
Stefan Breitenmoser, Directeur générale SMPA – Swiss Music Promoters Association, T 079 355 05 79, stefan.breitenmoser@smpa.ch